Si la loi Guizot de 1833 rendait obligatoire une école de garçons dans toute commune de plus de 500 habitants, il faudra attendre 1850 pour que la Loi Falloux rende obligatoire la création d’une école de filles dans toute commune de plus de 800 habitants.
Les Essarts-le-Roi, malgré un pic de population au milieu du 19e siècle, attendra 1876 pour se mettre en conformité
L’école des garçons était alors dans le bâtiment de la mairie (alors place de la mairie) et une école de filles se tenait dans une salle louée à un particulier (le prix de la location était de 300 francs par an).
En 1876, Monsieur Mesplet donne un terrain rue de Rome à la commune pour la construction d’une école des filles.
En 1878, le conseil contracte un emprunt de 10.000 francs qui s’ajoute à une somme de 10.000 francs déjà prêtée sans intérêt par M. Mesplet. Le coût total de la construction de cette école fut de 26.000 francs (Francs-or). C’était l’équivalent du budget annuel de la commune. La récupération des pierres de la grange Magloire permit certainement de limiter le coût global pour la commune.
En 1880, l’école ouvre ses portes (classe unique). Elle est constituée d’un bloc principal (au centre) de 8 mètres de large pour 10 mètres de profondeur (avec des murs de 50 cm, cela réduit les dimensions de la salle de classe à 7 m X 9 m) et une hauteur de 4 mètres sous plafond.
Cette hauteur importante permettait d’exploiter au maximum l’éclairage naturel. La lumière artificielle étant alors très coûteuse, le percement de grandes fenêtres (1,45 m X 2,50 m de haut) de part et d’autre du bloc principal, permettait au soleil d’éclairer correctement les élèves de part et d’autre de la salle de classe grâce à une orientation presque Est-Ouest. Le midi, la luminosité étant au maximum, le soleil donne alors sur un mur de refend aveugle.
A gauche, une extension avait été prévue pour le logement de l’institutrice (cuisine et buanderie), qui était complétée par 4 chambres situées au dessus de la salle de classe. A droite, la même extension servait d’entrée aux élèves, (vestiaires) cette entrée se trouvant désormais séparée du bâtiment et affectée au 6 rue de Rome (on y voit encore la marque, au mur, des porte-manteaux et l’embrasure de la porte par laquelle les filles entraient dans la salle de classe.
Le toit était alors en ardoises avec deux cheminées importantes partant de l’étage (Un pilier en fonte sous chaque cheminée soulageait la structure bois).
On signalera qu’il n’y a pratiquement aucune fondation et que tout le bâtiment porte sur les murs droit et gauche.
Le style est typique des bâtiments administratifs de la fin du 19e siècle et avait d’ailleurs été intégré dans l’inventaire de la base Mérimée en 1978.
C’est en 1904 qu’on entreprit la construction de la deuxième classe de l’école des filles suite à l’augmentation du nombre d’élèves (aujourd’hui 6 rue de Rome). Les moyens d’éclairage s’étant démocratisés, la hauteur sous plafond sera moindre que la première salle de classe. Les dimensions sont de 10 m de façade et 11 m de profondeur. Le logement de l’institutrice était à l’étage. Un large couloir servait aux élèves pour déposer leurs manteaux (et dans le fond de ce couloir, un escalier menant au logement de l’institutrice. Toit en zinc et pentes en ardoises.
L’école accueillit les filles des Essarts le Roi durant presque trois quarts de siècle.
En 1954, la création du groupe scolaire de la Romanie vide l’école des filles de la rue de Rome (ainsi que l’école des garçons).
Photo de classe de l'école des filles
La Poste et le Standard téléphonique
Le bâtiment est alors cédé l’administration des PTT qui y prévoit le transfert du bureau de poste.
En 1956, des travaux sont réalisés : La cuisine de l’institutrice devint le vestiaire des employés, la buanderie, le coffre et la chaufferie. Un appentis fut ajouté dans le jardin derrière la maison pour abriter une cuve de fuel de 6000 l. Mais la plus importante modification fût l’ajout d’une cuisine à l’étage (extension en béton à gauche) et d’une salle de bains pour le logement du receveur. Les ardoises du toit seront remplacées par une couverture en zinc
La « nouvelle » Poste ouvre et la deuxième salle de classe (à l’arrière) devient alors le central téléphonique (il est d’ailleurs probable qu’en 1956, ce soient des »demoiselles du téléphone » qui gèrent les communications, l’automatisation, en France, ne deviendra générale qu’en 1978).
Mais les travaux de 1956 n’ont pas respectés l’intégrité du bâtiment : les câbles électriques sont passés sous le plancher de l’étage en détruisant à de multiples endroits la structure porteuse du plancher en bois. Un mur, reliant les deux cheminées et permettant à l’ensemble d’exercer une pression verticale est démoli pour placer une salle de bains.
Ces aménagements ont trop modifié le bâtiment qui, stable depuis 75 ans, commence à travailler. Le sol de l’étage s’affaisse peu à peu faisant craindre le pire (plus de 20 cm de flèche au centre de l’étage lors de notre achat).
En 1987, le bureau de Poste des Essarts le Roi est transféré avenue de la gare dans ses locaux actuels.
L’ancienne école des filles, devenue pour tous les Essartois l’Ancienne Poste, reste à l’abandon.
En 1991, la Mairie prononce un arrêté de péril afin d’obliger l’Administration des PTT à barricader le bâtiment contre les squatteurs car le bâtiment semble devenu dangereux. Un permis de démolir est même déposé (heureusement non appliqué).
En 1993, les PTT revendent l’Ancienne Poste à la municipalité, qui envisageait, déjà, une restructuration de l’îlot (ouvrir l’accès à la D202 pour éviter la circulation, déjà saturée de la rue de Rome et du bout de la rue de l’Yvette). Ce projet restera lettre morte, à l’époque la sensibilité au »petit » patrimoine local n’était plus développée qu’aujourd’hui.
En 2005, la municipalité revend le bâtiment à des particuliers comme logement et cela fait bientôt 20 ans qu’ils essayent d’améliorer peu à peu ce bâtiment faisant partie de l’histoire de la commune.
